Hier la transparence
Pour Sylvie
Paume contre paume
Mais entre elles l’inaccessible transparence
Il y a la mer certes il y a la mer
Mais les navires du retour se sont ensablés
Et les genêts battent l’étrave
L’absence est à la proue
Au-delà de ce soleil-lune la nuit que je cherche
Et qui n’est pas la nuit
Plus loin que cette voix qui tremble et qui se brise
Mon itinéraire ne passe pas nécessairement par ces sommets que vous inventez chaque jour
Je marche tout simplement
Il fut ce temps
Où chaque brin d’herbe me protégeait
Je recomposais les visages dans l’argile des jours
L’écume grise des mains battait en vain aux fenêtres
J’étais
J’avançais sur les berges et au soir je savais que mes dérives me porteraient jusqu’à l’estuaire du plein jour
Aujourd’hui je ne sais plus le sens des fleuves
Loin de la mer j’expédie les affaires courantes
L’herbe
Le scintillement d’étoile d’une seule fleur par-delà les années lumière
Le vent qui se lève et couche les blés de la moisson proche
Le paysage hier lisible avec des doigts d’aveugle
Dans quelle closerie oubliée ai-je remisé tant de trésors
Dis mon enfant de quatre ans au bord du même fleuve