L’œil inversé
A Michel de M’uzan
L’œil inversé éclairant
Mon paysage aveugle
Balayant les parois oublieuses
Du passé-tunnel
Par où je m’étais évadé
Le feu d’herbes les combes
Le grain de sable mouillé de salive
A l’extrême limite
De la terre du non-exil
La feuille d’argent pressée
dans le livre du voyage
Le pèlerinage désespéré
Du petit soldat dans l’écume amère
Toutes salves au bord de
L’océan de mémoire
Au premier matin d’enfance
Maintenant la nuit. Les combes encore
Que brouille cette nuit du Sud
La canonnade sur la barre de corail
La peine bientôt recouverte
Par le chant alluvial…
Voile sur cet indéfinissable
où quand comment parole
De quelle naissance.
Vivre-opacité rêver-transparence…
Pour enfin décrypter le mot illisible
Le signe sur la vitre étoilée du sommeil.
Réveil rupture du continuum
Dans le labyrinthe des heures
La falaise décapitée du rêve interrompu
Penche vers le jour difficile.
Au-delà du jardin de givre
La maison basse où une langue de feu
(la lampe) veille l’enfant mort.
Dans les branches minérales
Le soleil rouge
Veillant ce monde qui va lui aussi mourir.
Et les cymbales de l’aube étouffées
par une décisive évidence